Chômage, sous-emploi, halo... une radiographie du marché du travail en 2019

Par Grégoire Normand  |   |  838  mots
(Crédits : Reuters/Vincent Kessler)
Dans une étude, l'Insee propose une photographie du marché du travail avec une myriade de données sur la population active, le sous-emploi, le chômage et l'activité des Français.

Quel était l'état du marché du travail en 2019 ? Une étude de l'Insee rendue publique ce jeudi 20 février et intitulée "Une photographie du marché du travail en 2019" dresse un panorama éclairant sur la situation des actifs occupés, des chômeurs, des indépendants. L'économie française comptait 29,2 millions de personnes dans la population active en 2019. Sur ce total, 26,8 millions ont un emploi et 2,5 millions sont au chômage.

Un chômage en baisse

Le chômage a poursuivi sa baisse en 2019 pour s'établir à 8,4% de la population active au sens du bureau international du travail (BIT) contre 9% en 2018 et 9,4% en 2017. Malgré une embellie ces dernières années, le chômage n'a toujours pas retrouvé son niveau antérieur à la crise de 2008.

Il existe quelques disparités selon l'âge. Pour les 15-24 ans, ce taux s'élève à 19,6% contre 7,8% pour les 25-49 ans et 6,3% chez les plus de 50 ans. Quant au chômage de longue durée (supérieur à un an), il concerne 3,4% de la population active. Chez les jeunes, il s'établit à 4,9% de la population active contre 3% chez les 25-49 ans et 3,7% chez les 50 ans et plus. Lorsque les plus de 50 ans se retrouvent au chômage après un licenciement ou un départ, retrouver un emploi peut se transformer en véritable calvaire.

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Par catégorie socioprofessionnelle, il existe également de fortes disparités. Le taux de chômage a atteint 15,5% pour les actifs ayant le brevet et 5,1% pour les diplômés de l'enseignement supérieur. Concernant les professions, il frappe avant tout les ouvriers avec un taux bien supérieur à la moyenne (12,4%). Pour les employés, ce taux s'élève à 9,2%. Enfin, les cadres connaissent une situation de quasi plein emploi avec un chômage à 3,9%.

Le temps partiel et le sous-emploi en recul

La part des travailleurs à temps partiel a diminué de 0,4 point entre 2018 et 2019 pour s'établir à 18,1%. Malgré cette légère baisse, le temps partiel est monté en puissance depuis le début des années 80 comme le souligne le graphique ci-dessous. Il y a près de 40 ans, la proportion de contrats à temps partiels était deux fois moins importante (9,4%).

En parallèle, la part des salariés en CDD ou intérim a légèrement diminué l'année dernière pour atteindre 11,5% contre 11,9% en 2019. Là encore, la flexibilité accrue sur le marché du travail et la grande crise de 2008 ont accéléré les embauches en CDD ou en contrat intérimaire. Ces contrats permettent aux entreprises d'ajuster plus facilement leur masse salariale en cas de ralentissement conjoncturel. ll reste que malgré tout, une grande partie de la population active est en contrat à durée indéterminée (85% environ). Enfin, les derniers chiffres de l'organisme de statistiques indiquent que la part des indépendants a augmenté entre 2018 et 2019, passant de 11,6% à 12,1%. Depuis le début des années 80, la part des indépendants a clairement baissé au regard des données fournies par l'organisme de statistiques malgré la montée en puissance des microentreprises depuis une dizaine d'années.

La montée en puissance des cadres

L'autre fait marquant est la hausse spectaculaire de la part des cadres dans la population active. Rien qu'entre 2018 et 2019, cette part a gagné un point pour s'établir à 19,3%. Et sur quatre décennies, cette catégorie a presque triplé pour atteindre un sommet l'année dernière. Cette évolution peut s'expliquer en partie par une hausse des personnes qualifiées dans la population active, une transformation du tissu productif et des emplois et une envolée des embauches de cadres. Selon de récents chiffres de l'association pour l'emploi des cadres (APEC), les entreprises hexagonales devraient embaucher près de 300.000 cadres à un horizon proche. Les professions intermédiaires ont également gagné du terrain dans la population active pour passer de 19,5% au début des années 80 à 25,6% en 2019.

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À l'opposé, certaines catégories sont en perte de vitesse. Il s'agit notamment des ouvriers qualifiés (14,2% en 1982 contre 12,9% en 2019) et des ouvriers non qualifiés (14,2% en 1982 contre 6,8% en 2019). La chute la plus impressionnante concerne les agriculteurs et les professions agricoles. Cette population a quasiment été divisée par 5 en moins de quatre décennies, passant de 7,1% au début des années 80 à 1,5% l'année dernière. La transformation du modèle agricole avec la mécanisation accélérée, la hausse des gains de productivité et l'agrandissement des surfaces ont pu contribuer à cette inflexion saisissante.

1,6 million de personnes dans le halo

En dépit de quelques signaux positifs, beaucoup de personnes souhaitant travailler sans pour autant être au chômage au sens du BIT se retrouvent dans le halo. Selon les dernières estimations de l'Insee, elles seraient 1,6 million sur les 11,6 millions d'inactifs. Ce qui est loin d'être négligeable.

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