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7 idées reçues sur le métier d'expert-comptable

L’Ordre des experts-comptables relance son opération séduction auprès des jeunes pendant tout le mois de novembre. L’occasion de démonter un certain nombre d’idées reçues sur la profession.

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En France, on compte 21.000 comptables, dont 6.000 femmes. (Helloquence/Unsplash)
Publié le 31 oct. 2019 à 07:00

Avec la deuxième édition de The Way du 1er au 30 novembre, l’Ordre des experts-comptables veut une nouvelle fois présenter aux jeunes le "vrai" visage, le rôle et les missions de ses 21.000 professionnels et 130.000 collaborateurs employés dans les cabinets. C’est que les clichés autour de la réalité de ce métier ont la vie dure. On vous en a répertoriés quelques-uns.

1. Il faut avoir la bosse des maths

Faux. Nul besoin d'être un cador en calcul, précise l’Ordre des Experts-Comptables. "On croise parfois des professionnels passés par des études littéraires !" Laure Bonnamour, 30 ans, à la tête de son propre cabinet, a fait un Bac S puis un BEP de pâtissière, avant de réorienter ses études vers la comptabilité et l’expertise. Il n’empêche qu’il faut aimer manipuler les chiffres, les recouper, les interpréter. Mais promis, pas de géométrie, ni d’algèbre. De la logique et de l’analyse avant tout.

2. Le métier est plutôt ringard et ennuyeux

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Faux. Oubliez l’image du type à lunettes croulant sous les chiffres et la paperasserie. A la tête de son cabinet, l’expert-comptable travaille pour des structures de taille et de secteurs d’activité très différents : PME, TPE, ETI, startup, association, artisan, commerçant, agriculteur… Il exerce diverses missions où le contact prime. "L’expert-comptable accompagne le chef d’entreprise dans la gestion de ses obligations comptables, fiscales et sociales, et lui apporte son aide et ses conseils pour piloter au quotidien son activité, ses projets et son développement", résume l’OEC.

Selon la taille du cabinet, il s’entoure de nouveaux profils : ingénieurs, data scientist, marketeurs, communicants, consultants business intelligence, responsables audit… Cerise sur le gâteau, c’est un métier qui ne connaît pas la crise ! Plus de 2.000 offres d’emploi et de stages sont répertoriées sur Hubemploi, le site de la profession. 

3. Il faut huit ans d’études pour exercer le métier

Faux. Il faut suivre 5 ans d’études après le bac et effectuer un "stage" de trois ans dans un cabinet ou une entreprise, avant de décrocher le fameux diplôme d’expertise comptable (DEC). "Ce sont trois années très formatrices et intenses", souligne Laure Bonnamour, diplômée en janvier dernier. Et d'ajouter : "En plus d’occuper un emploi salarié, on doit rendre des rapports de stage tous les six mois et un mémoire qui vous occupe facilement 1.000 heures, tout en préparant les deux épreuves finales du DEC."

La profession compte 1.000 nouveaux diplômés chaque année et le taux de réussite des femmes est souvent supérieur à celui des hommes. Bon à savoir : un stagiaire gagne en moyenne entre 20.000 et 35.000 euros brut par an et a six ans pour terminer son mémoire à compter de la fin de son stage.

4. L’idéal, c’est d’être à la tête de son propre cabinet

Faux. Tous les experts-comptables n’ont pas la fibre entrepreneuriale. 30% des diplômés deviennent enseignants ou s’éclatent comme salariés dans une entreprise. Ils sont alors contrôleurs de gestion, analystes financiers, DAF, auditeurs, managers… Deux tiers des femmes diplômées choisissent cette voie. "Elles décrochent le DEC à l’âge où elles ont envie d’être mères. Elles préfèrent alors intégrer une entreprise pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale", souligne Françoise Savès, présidente de l’association Femmes Experts-Comptables (1.300 adhérentes).

5. Le top du top, c’est de faire sa carrière dans un cabinet

Faux. Salaire peu attractif comparé au nombre d’heures, charge de travail trop importante, pas de reconnaissance… ce sont quelques-unes des critiques répertoriées dans une enquête de Fed Finance réalisée auprès de 1.500 candidats travaillant dans des cabinets d’audit, de conseil et d’expertise comptable.

Conséquence, les cabinets subissent un turn-over inquiétant. Seuls 6 % des 129 structures sondées n'avaient subi aucun départ en 2018. Pour limiter les fuites, une partie des cabinets disent avoir mis en place des actions en interne : changement dans l’organisation du travail, flexibilité horaire, management de proximité, rémunérations plus attractives. Des efforts peu perçus par les collaborateurs…

A noter qu’un expert-comptable diplômé ayant moins de sept ans d’expérience sur ce poste gagne entre 42.000 et 65.000 euros brut par an, selon la taille du cabinet et la région (étude Hays 2019).

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6. C’est un monde d’hommes et la parité n’y a pas vraiment progressé

Faux. La parité progresse lentement mais sûrement. Sur les 21.000 experts-comptables, 6.000 sont des femmes, soit 28%. Elles étaient près de 15% il y a dix ans. "Le problème, c’est qu’elles hésitent à embrasser la profession libérale. Seulement une diplômée sur trois fait ce choix car elles constatent pendant leurs études à quel point le rythme de travail dans un cabinet est difficilement compatible avec une vie familiale", indique Françoise Savès.

Pour combattre les causes de cette désaffection, la présidente a lancé L’Observatoire et le Prix de la Parité qui mettent en lumière les pratiques les plus innovantes en la matière. "Les lignes bougent, on parle de plus en plus de télétravail, de mi-temps, de temps partiel, de congé parental… " Les élections professionnelles approchant, Françoise Savès veut aussi faire évoluer l’égalité au sein des instances. Seules quatre femmes sont présidentes d’un Conseil Régional de l’Ordre sur 23.

7. La profession n’a pas l’air très dynamique

Faux. "La comptabilité a été le premier service informatisé de l’entreprise", rappelle Laure Bonnamour. Plus récemment, l’Ordre des Experts-Comptables a été la première institution à avoir inscrit ses diplômés dans la blockchain. Par ailleurs, la profession est en train de prendre le virage de la dématérialisation, poussée par la loi Pacte.

"Je travaille avec zéro papier, tout est numérisé, ma GED (gestion électronique des documents) se trouve sur la blockchain", précise Laure Bonnamour. Cette jeune experte-comptable a installé son cabinet dans l’étonnant tiers-lieu Le Dôme à Caen. "J’y côtoie des développeurs informatiques, des chercheurs, des associations. Je crois beaucoup au collaboratif. C’est une chance pour la profession !"


La profession en chiffres :

-21.000 experts-comptables

-130.000 collaborateurs

-6.600 experts-comptables stagiaires

-2,5 millions d’entreprises clientes

-11,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Corinne Dillenseger

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